Propriétaire de Booking : qui détient la plateforme de réservation en ligne ?

Les chiffres ne mentent pas : chaque seconde, plus de 17 réservations s’effectuent via Booking.com, illustrant l’emprise colossale de la plateforme sur le secteur du voyage numérique. Alors, qui dirige ce mastodonte de la réservation en ligne ? Et quelle mécanique se cache derrière son interface familière ? Ici, pas d’énigme : Booking.com appartient à un groupe américain solidement ancré, dirigé d’une main experte par Glenn Fogel. Mais derrière la façade, les tensions avec les hôteliers et les débats juridiques révèlent un univers bien plus complexe qu’il n’y paraît.

Booking.com s’est taillé une place de choix parmi les plateformes de réservation en ligne depuis ses débuts à Amsterdam en 1996, sous l’impulsion de Geert-Jan Bruinsma. L’ampleur de son catalogue donne le tournis : plus de 29 millions d’annonces couvrant plus de 220 pays. Chaque jour, 1,5 million de nuitées changent de main via son interface. Ce réseau dépasse largement le cadre européen ou français, ses premières terres d’implantation.

Son atout majeur ? Une palette de services impressionnante : logements de toutes sortes, voitures à louer, billets d’avion, restaurants et même activités touristiques. Booking.com ne laisse rien au hasard, couvrant l’ensemble du parcours voyageur. Face à Expedia Group ou Airbnb, la plateforme mène largement la course : en Europe, elle concentre plus de 70 % des réservations en ligne, laissant à peine 15 % à Expedia.

Pour soutenir cette croissance, Booking.com a misé sur des outils pointus. L’Extranet et l’application Pulse facilitent la vie des hôtes. Les propriétaires profitent de dispositifs taillés sur mesure, comme le programme Genius qui fidélise les clients, ou Partenaires Préférés qui augmente la visibilité des annonces. Les algorithmes maison ajustent les prix à la volée, selon la demande, l’emplacement ou les événements du moment. Booking.com s’est muée en une véritable infrastructure : elle ne se contente plus de proposer des réservations, elle modèle le marché et dicte ses rythmes.

Qui possède Booking.com ? Décryptage du groupe Booking Holdings et de son organisation

Pour comprendre qui tient les rênes de Booking.com, il faut regarder du côté des États-Unis. Depuis 2005, la plateforme fait partie intégrante de Booking Holdings Inc., un géant du voyage basé à Norwalk, dans le Connecticut, et coté au NASDAQ. Ce groupe orchestre l’ensemble du secteur avec une série de marques complémentaires.

Voici comment se répartit la galaxie Booking Holdings :

  • Booking.com : locomotive européenne, référence des réservations d’hébergements
  • Agoda : acteur reconnu de l’hôtellerie en Asie
  • Kayak : moteur de recherche et comparateur à vocation mondiale
  • Rentalcars.com : location de voitures sur tous les continents
  • OpenTable : plateforme de réservation de restaurants
  • Priceline : pionnier nord-américain de la réservation de voyages

Depuis sa mue en 2018, ex-Priceline Group a consolidé son influence sous la bannière Booking Holdings Inc. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 21,4 milliards de dollars de revenus en 2023, près de 150,6 milliards de dollars de réservations brutes. Booking.com est la pièce maîtresse de ce dispositif, générant la majorité des flux et des bénéfices.

La recette du groupe : faire circuler technologies et ressources entre les filiales, tout en préservant leur indépendance sur le terrain. En 2024, l’accord noué avec Smoobu vient renforcer l’offre à destination des propriétaires de locations saisonnières. La ligne directrice du groupe ne varie pas : rendre l’expérience du voyage fluide, accessible et universelle.

Glenn Fogel, un dirigeant clé à la tête du géant mondial du voyage

Glenn Fogel occupe une place centrale dans l’histoire récente de Booking Holdings Inc. À la tête du groupe depuis 2017, ce diplômé de la Wharton School a d’abord rejoint ses rangs en 2000, bien avant la transformation de Priceline Group en Booking Holdings. Sous sa houlette, le portefeuille de marques s’est étendu et la croissance s’est accélérée, portant le chiffre d’affaires au-delà des 21 milliards de dollars en 2023.

Fogel a piloté plusieurs acquisitions majeures : Agoda, Kayak, OpenTable, Rentalcars.com. Sa marque de fabrique ? Miser sur l’innovation, la puissance des données et l’optimisation algorithmique, tout en menant une expansion internationale soigneusement orchestrée. Il encourage l’agilité et la collaboration entre les filiales, mais veille à ce que chaque marque conserve son identité.

Le dirigeant rassemble une équipe cosmopolite, répartie entre les États-Unis, Amsterdam et l’Asie. Il dose habilement développement interne et rachats ciblés. Confronté à la concurrence féroce d’Expedia et d’Airbnb, il mise sur la technologie : intelligence artificielle, automatisation, expérience utilisateur améliorée. Ce cap technologique maintient Booking Holdings à la pointe de la réservation en ligne et lui permet de réagir vite aux bouleversements du secteur.

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Relations tendues avec les hôteliers européens : enjeux, polémiques et conséquences juridiques

La domination de Booking.com en Europe n’est pas sans provoquer de vifs remous. Avec plus de 70 % de parts de marché, la plateforme, née à Amsterdam, impose ses standards tarifaires et ses outils de gestion : Extranet, application Pulse, programmes Genius ou Partenaires Préférés. Pour les professionnels de l’hôtellerie, la pression sur les marges reste forte, surtout avec des commissions facturées uniquement aux établissements. Difficile aussi de gagner en visibilité sans souscrire à des options payantes.

Face à cette situation, les fédérations du secteur et la Hotel Claims Alliance Foundation ont lancé plusieurs actions judiciaires. Près de 10 000 hôteliers européens s’attaquent à Booking.com pour pratiques tarifaires jugées abusives et clauses limitant la liberté de fixer leurs propres prix. L’objectif : rétablir un équilibre concurrentiel et préserver l’indépendance commerciale des établissements. En France, la Répression des fraudes a ouvert des enquêtes, tandis que l’UFC-Que Choisir pointe régulièrement les risques d’arnaques liés à la location de vacances.

Le Digital Market Act (DMA), appliqué récemment, impose de nouvelles règles à Booking.com : plus de transparence sur la présentation des offres, traçabilité accrue des commissions, suppression des clauses de parité tarifaire. Ces mesures viennent bouleverser les rapports de force entre la plateforme et les hôteliers. L’écosystème de la réservation en ligne évolue sous l’œil vigilant des autorités européennes et des associations de consommateurs.

L’histoire de Booking.com ne s’écrit pas seulement à coups de records de réservations. Entre innovations, conquête internationale et bras de fer juridique, la plateforme façonne le paysage du voyage numérique comme peu d’acteurs en sont capables. Qui dictera les prochaines règles du jeu ? Le secteur du voyage en ligne n’a pas fini de nous surprendre.